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Éducation : Les compétences transversales à la rescousse de la qualité du français chez les jeunes

... Je suis passée à RDI (à Dominique Poirier en direct) le 6 février 2008; qui m’a vue ? :)

Et comme le vox pop portait sur la qualité du français dans les écoles, ça y est, je l’écris, ce texte dont j’avais déjà esquissé les premières lignes il y a peu !

Mon titre est provocateur ? Tant mieux !  Après tout, les journalistes de tout acabit – du plus crédible au plus sensationnaliste – utilisent les mots « compétences transversales » comme s’il s’agissait d’un concept hors de portée.  Depuis l’ahurissante sortie de Bernard Landry, Joseph Facal et Jean-François Lisée, je pourrais accoler au mot journalistes le mot politiciens – Landry ayant qualifié les compétences transversales de «mots à peine compréhensibles ! » (propos rapportés par Le Devoir du 30 janvier 2008).

J’ADORERAIS rencontrer ces trois bonhommes et leur poser une question toute simple : « êtes-vous d’accord pour que la qualité du français soit un critère de correction dans toutes les matières enseignées à l’école ? »

Bien sûr ?

Eh bien, c’est cela, une compétence transversale !  

Compétence : si l’objectif est que les jeunes écrivent dans un français de qualité, il faut qu’ils aient les compétences pour le faire (le transfert est le noeud du débat entourant la différence entre connaissance et compétence : bien des jeunes connaissent les règles du français écrit, mais ils n’arrivent pas à transférer ces connaissances en actes concrets quand ils écrivent; ils ne sont pas compétents.)

Transversale : il s’agit donc d’une compétence qui n’est pas cantonnée à une matière mais qui doit plutôt être développée dans l’ensemble des matières et de la vie scolaire.  Une des compétences transversales s'intitule justement « communiquer de façon appropriée ».

Est-ce si sorcier que ça ??? !!!  

J’étais pour ma part ravie lorsque j’ai su que la Réforme comporterait des compétences transversales à développer (en fait, j’étais ravie pour bien d’autres éléments de ce sacré Renouveau pédagogique). Entre autres parce que je percevais mon travail d’enseignante de façon très décloisonnée et que je sentais bien que les gens enfermaient plutôt les concepts dans des petites boîtes.  Dans ma pratique, je participais à des projets interdisciplinaires.  Et plus simplement, si je faisais lire un roman à mes élèves, je leur demandais aussi de travailler les aspects géographiques et historiques de l’œuvre !  Une anecdote à cet égard : les élèves lisent L’alchimiste de Paul Coehlo.  Je leur présente une carte muette de la Méditerranée pour qu’ils y tracent le périple du personnage principal, et leur réaction est de jeter la carte aux poubelle en me disant «  C’est pas un cours de géo ici ! »

Je ne dis pas que la Réforme n’a pas de talons d’Achille (elle en a, l’évaluation en premier lieu, et très certainement l'évaluation du français écrit), ni qu’elle n'a pas été « imposée » de la bonne façon (en fait, on a fait le contraire de ce qu’elle prône : plutôt que de permettre aux enseignants de se l’approprier, on la leur a enfoncée dans le gosier !).  

Par contre, la piètre qualité du français chez les jeunes ne s’explique pas par la Réforme mais bien par un ensemble de facteurs sociaux.  J’en aurais long à dire sur la culture du « non effort » qui règne chez les adolescents, sur le peu de soutien – et surtout le peu de stimulation – de la part des parents.  Dans les médias, dans quelle proportion valorise-t-on les intellectuels vs les « riches et célèbres » de ce monde ?  Le jour où j’avais annoncé à mes élèves que nous allions lire des poèmes du plus grand poète de l’histoire du Québec – Nelligan – la question a fusé de toutes parts dans la classe : « Y’é-tu riche ? »

Oui, j’en aurais long à dire sur ce que j’ai pu observer pendant mes 4 stages en enseignement au bac puis pendant les 4 années d’enseignement proprement dit.  

Hier, devant le micro et la caméra de RDI, au coin des rues St-Denis et Maisonneuve, j’y suis par contre allée au plus court, car je sais bien qu’ils ne gardent qu’une formule choc au montage : « Je suis enseignante et je vous assure que nous sommes très exigeants envers les élèves. De grâce, ne mettez pas ce problème sur le dos des enseignants ! »

Oui, je crois que je me sentirai toujours enseignante, et que je serai toujours solidaire de mes consoeurs et confrères. Ils font un travail tellement impossible et dévalorisé que, moi, je l’ai quitté (même si je le considère toujours le plus beau métier du monde) !

Commentaires

  • comme ça, tu te trouvais au bon coin de rue au bon moment ?

    je n'ai malheureusement pas écouté RDI mercredi soir...

  • Chère Isabelle,

    oui, c'est tout à fait un hasard (je revenais de dîner avec ma superviseure, nous retournions ensemble au boulot, et voilà, ils nous ont interpellées. J'ai demandé quel était le sujet, puis... n'ai pas pu ne pas répondre !!!). Et quel hasard ! Ils sont tombés sur quelqu'un de passionné par le sujet, c'est le cas de le dire !

    Je suis curieuse de connaître ton opinion sur mes propos. J'ai bien aimé moi-même te lire sur ton blogue et voulais te laisser un commentaire ce soir... :)

  • Chère Lucie,
    il n'est jamais trop tard pour commenter ici ! :)

    Nous sommes bien d'accord. La rigueur devrait être de mise dans tout geste d'écriture, quel qu'il soit. En fait, j'ai malheureusement une déformation professionnelle exagérée : dès qu'il y a des fautes, je m'impatiente et n'ai plus de plaisir à lire. Que ce soit une affiche dans une vitrine, un article, une note griffonnée à mon intention, un courriel... ça ne passe pas, tout simplement.

    J'ai cessé d'enseigner avant la Réforme - j'ai eu le temps de connaître le nouveau programme de français - et je me demande si les aberrations que 'avais observées ont disparu. Un élève qui répondait "Lac Sain Gean avait ses points en géographie !!! Non mais !!!

    :)

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