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Éducation : L'école régulière, une nouvelle aventure pour fiston... et pour maman !

Classe_base_01.gifLéonard commence ces jours-ci la maternelle. Que d'excitation, d'émotions et... d'organisation !  J'espère d'ailleurs revenir vous raconter certains épisodes du début de cette saga; la scolarité d'un enfant, c'est tout un pan de vie !

Aujourd’hui, une semaine après le début des classes (et même dix dodos si on compte deux premières présences d’une heure et d’une heure et demi la semaine précédante), j’ai d’abord besoin de mettre ici en mots l’incroyable sentiment de nostalgie que je ressens au contact de cette école pourtant joyeuse. C’est que, plus je m’y frotte, et plus de délectables souvenirs de l’école alternative que j’ai fréquentée de septembre 1979 à juin 1986 remontent à la surface !  Il n’y a aucune commune mesure entre ce que mon fils vit déjà et ce que j’ai vécu. Mon coeur se serre à la seule lecture du site internet de « mon » école.  Non, Léonard ne pourra pas la fréquenter, nous n’habitons pas du tout le même territoire – ce n’est même pas la même commission scolaire !

Depuis dix jours déjà, question de me requinquer, je me répète les mêmes mantras. Mon premier : mon objectif principal, en cette année de maternelle, est qu’il s’amuse, qu’il ait des amis, qu’il revienne à la maison de bonne humeur !  Tout simplement ! Mon deuxième : la qualité de vie n’a pas de prix et une école à deux pas de la maison (et donc avec des amis qui habitent tout près), sur le chemin du métro, sise dans un bâtiment qui abrite aussi la garderie de Philémon… ça peut faire une grosse différence dans une vie de famille côté santé, énergie, bonne humeur justement.  Répète, répète, Marie ! (SOUPIRS !)

Mais qu’est-ce que je trouve difficile à apprivoiser, au juste ?

Je n’ai pas connu les rangs dans la cour d’école.  Nous arrivions en autobus, ouvrions la porte de l’école, montions l’escalier et allions dans notre classe.  Eh oui, les enfants savent faire cela !

Je n’ai pas connu d’horaire d’activités aussi contraignant (Léonard a une demi-heure pour répondre à telle consigne, une demi-heure pour jouer au gymnase, une demi-heure pour des jeux libres… tout est déterminé d’avance !)  Nous nous rencontrions en réunion de classe quatre fois par jour, nous avions une période de dîner, mais sinon, l’horaire de chaque enfant était déterminé autrement :

-          d’une part, par le tableau de la programmation, indiquant quels ateliers étaient donnés ce jour-là, par qui, où, avec quel matériel nécessaire, etc. – nous apprenions très vite ce qu’était l’engagement.  Un enfant s’était inscrit à un atelier de chimie pour une durée de huit semaines ? À l’heure dite, il fallait y aller ! Sans compter que, dès l’âge de 9 ans je crois, nous étions tenus d’offrir chaque mois un atelier aux autres et d’en être totalement responsable. Je me souviens avoir offert des ateliers pour apprendre à lire l’heure, pour apprendre des chorégraphies humoristiques, etc.;

-          d’autre part, par sa propre gestion de sa banque de projets individuels et en groupe, projets déterminés par les enfants eux-mêmes – après entente avec l’éducatrice lors des rencontres de programmation du jeudi après-midi;

-          finalement, par sa propre évaluation de ses besoins pour arriver à mener à bien ses différents engagements. Il était possible de sortir une demi-heure dehors pour ventiler si nécessaire, quand ça nous convenait – en prévenant l’éducatrice d’abord ! -, si nous avions démontré que nous étions assez responsables pour le faire (savoir lire l’heure et avoir une montre étant des prérequis !); il était aussi possible de fréquenter la Salle tranquille, ainsi nommée parce que, en plus d’être une bibliothèque, on y trouvait un coin de repos.

Je n’ai pas connu une vie de classe où le contenu est totalement déterminé par les adultes.

J’ai connu une école où l’enfant est considéré comme un être doté d’intelligence pouvant développer son  jugement, son autonomie, son sens des responsabilités. Nous gérions nos horaires, différents pour chacun; la réservation des locaux, l’achat du matériel, l’inscription aux ateliers (et la création d’une liste d’attente si nécessaire), faisions des copies pour chaque classe (3 en tout et pour tout !), travaillons parfois en grand groupe, parfois en petit, parfois seul(e) - dans tous les cas, dans un environnement multi-âges; nous étions responsables d’atteindre nos objectifs, de nous auto-évaluer, de nous lancer constamment de nouveaux défis, etc. Évidemment, les exigences tenaient compte des capacités de chaque enfant et modulaient en conséquence !

J’ai connu une école où l’enfant est considéré comme un être doté d’intelligence pouvant déployer sa créativité et tout son potentiel. Un enfant était passionné par l’Égypte ancienne ?  Il tentait de reproduire le Sphynx en blocs.  Une autre voulait dénoncer la violence dans le monde ?  Elle rédigeait un pamphlet et le publiait dans le journal des parents. Un autre voulait créer sa propre bande dessinée ?  Il la créait !

J’ai aussi connu une école où les enfants participaient aux réflexions et prises de décision concernant certains aspects de la vie de l’école.  Décidément, je devrai revenir raconter des anecdotes de mon primaire sur ce blogue, pour le plaisir mais aussi parce que ce serait trop long de tenter d’expliquer cette dernière affirmation ici !

C’est un exercice hasardeux que de résumer en quelques lignes la complexité et la finesse du fonctionnement de « mon » école, d’abord parce que c’est beaucoup trop complexe pour n’être que résumé, justement ! Ensuite, parce que cette école est constamment en train de s’ajuster, de modifier sa façon de faire, ce qui fait que ce que je décris peut seulement être considéré comme de vagues souvenirs personnels et non comme une decription exhaustive de ce qui s’y vit aujourd’hui – 24 ans après mon départ !!! (Notez aussi que chaque école alternative a un fonctionnement unique et que je ne voudrais absolument pas que ce billet soit perçu comme une explication de ce qu’est l’école alternative en général !)

C’est un exercice hasardeux, mais je tenais à m’exprimer ce soir sur cette nostaligie aiguë que je ressens ces jours-ci.  Les gens me disent que Léonard a peut-être besoin de cet encadrement (à mon avis, c’est plus qu’un encadrement… l’encadreur a peint la toile aussi !!!), mais je crois qu’il aurait autant – sinon plus – besoin d’apprendre à prendre des engagements et à les tenir, à gérer un horaire, à avoir des reponsabilités, etc. Et passionné comme il est, il ne s’ennuierait certainement pas dans une école comme « la mienne ».  Je le vois déjà concevoir un atlas des animaux, monter une pièce de théâtre, créer un costumier, etc. !

Mais bon, les choses qu’on ne connaît pas ne peuvent nous manquer, n’est-ce pas ? Il paraît qu’il y a beaucoup de fantaisie à son école – pas dans la classe, mais après : grosses kermesses, fêtes, etc. Il y avait déjà du djembé dans la cour la semaine dernière (on manque cruellement d’informations et je ne saurais vous dire si c’était des responsables de service de garde qui animaient une activité dirigée ou non).  Il y cultive déjà de belles amitiés et se délecte chaque jour du lunch que je lui prépare et que j’emballe soigneusement dans son sac à lunch arborant des animaux de la savane !  Lorsque je vais le chercher, ses deux poriorités sont de 1) commenter son repas, me montrer qu’il a presque tout mangé et exprimer le désir de manger le reste immédiatement en collation; 2) repartir jouer dans la cour. 

C’est bon signe, hein ???????????? 

Commentaires

  • Marie, je n'ai pas connu l'école alternative, mais je peux te dire que j'ai beaucoup aimé l'école "ordinaire". Je ne peux pas dire que les horaires ou les rangs m'ont fait sentir brimée... Si un enfant veut créer une BD (ou autre projet!), il n'y a pas qu'à l'école que ça peut être fait, non? Je suis certaine que Léonard saura tirer le maximum des possibilités que lui offrira son école!

    Et je suis bien d'accord avec toi, la proximité, ça aide beaucoup, BEAUCOUP à la qualité de vie!

  • Eh bien, je pense que tu cadrais très bien dans le projet éducatif de ton école primaire !!!

    Je sais que l'école alternative près d'ici fait une sélection d'élèves. Je me rappelle qu'on parlait de facilité à aller vers l'autre, de curiosité, d'autonomie... tout ça vérifié pendant une rencontre de deux heures. «Allez les enfants, soyez au naturel pendant que les enseignantes prennent des notes!!»

    J'avais aussi les mêmes objectifs que toi pour la maternelle de Sophie. Et pour avoir été souvent dans la classe de maternelle, les enfants ne se sentent nullement bousculés dans le temps. (il faut savoir qu'à l'école de Sophie, on ne sonne les cloches qu'à la rentrée, récré, dîner et sortie : pas entre les cours).

    Bonne continuation de maternelle pour Léonard !!

  • T'en fais pas Marie, ton petit bonhomme saura tracer son chemin dans cet univers encadré !

    Aussi, je suis certaine que l'école alternative a évolué aussi au fil des années. Même inscrit à cette même école que tu as fréquenté, il n'aurait sans doute pas vécu la même réalité...

    Le gros de la qualité de l'enseignement de son école se trouve dans sa relation avec sa prof et la façon de fonctionner de cette dernière. Crois-moi, j'en sais quelque chose ! :0)

    Courage la belle ! xx

  • Salut Marie,

    Je peux comprendre ta nostalgie... Ce que je vais te dire ne va probablement pas te consoler. Pour ma part, j'ai grandi en campagne où je n'avais pas le choix de l'école. Je me suis adaptée à mon école primaire et à ma polyvalente, mais ce fut parfois difficile (surtout à la polyvalente en fait), parce que j'ai souvent senti que l'originalité et la créativité, voire la marginalité, étaient étouffés. Et c'était pas seulement la faute des professeurs. C'était aussi parfois la faute des autres élèves, qui étaient prompts à se moquer de ceux qui sortaient du lot. C'est peut-être un peu "culturel". Mais franchement, je garde de l'amertume face au système scolaire dans lequel j'ai évolué... et je lis ta description avec beaucoup d'envie !

    Mes beaux souvenirs, ils me viennent de ma famille, dont je suis encore très proche, et de mon environnement : faire les foins en famille, ramasser des fraises des champs, cueillir des pommes, les glissades l'hiver, les partys de famille, les BD qu'achetaient mon père, etc.

  • Marie, Libres enfants de Summerhill...

    Je peux te dire que les autres parents de ton école seraient tellement mal à l'aise avec ces principes, même distillés au compte-gouttes. À l'école que Camille a fréquenté, en pré-maternelle et en maternelle, nous recevions un mot de la direction quelques jours après la rentrée.

    Dans ce mot, on expliquait que l'enfant apprenait par le jeu. Et on concluait qu'il fallait les laisser jouer librement, leur laisser du temps libre pendant la journée pour se retrouver, pour rencontrer les autres, pour se chamailler et pour se réconcilier. On apprendra à lire bien assez tôt.

    Moi, ce qui me désole dans l'école aujourd'hui, c'est qu'on ne laisse pas l'enfant assumer ses choix, ses gestes et ses erreurs. L'école a tellement de pression de la part des parents. Lorsque j'affirmais qu'un enfant doit assumer ses actions, je faisais office de foldingue.

    Tu vois, en sec 5, ils n'ont aucune période libre. Mais leur DES va comporter tellement de crédits. Je m'inquiète pour le CEGEP. Personne pour te dire quoi faire pendant les périodes libres. Moi, j'ai eu des périodes libres que j'ai appris à gérer. Eux ?

    Tu vas t'y faire. Ce que tu décris me semble prometteur. Et fais-toi élire au conseil d'établissement.

    PS Pour la communication, moi aussi je déplore que ce soit faible chez nous.

  • Salut Marie!

    Je n'ai pas fréquenté d'école alternative, alors je ne ferai pas de comparaison avec ce que je ne connais pas!;) Par contre, comme tu le sais, ma grande fille a commencé la maternelle et, moi aussi, j'ai ressenti une certaine nostalgie, non pas de ma propre jeunesse, mais plutôt de sa période de "petite enfance" qu'elle a passé à la maison.

    Après sa première journée d'école, j'ai pleuré dans ma voiture, pas parce que j'étais émue de voir ma fille grandir, mais plutôt parce que j'étais au désespoir (ne t'en fais pas, je me suis ressaisie depuis!;)) Je me demandais dans quel sorte de système j'avais laissé ma fille. Je trouvais la différence tellement drastique avec sa période "petite enfance à la maison". Mais bon, je me suis rappelé que moi aussi j'avais passé par là (l'école primaire après une petite enfance à la maison) et que je m'en étais plutôt bien sorti;) Les enfants ont tellement une grande capacité d'adaptation. C'est normal de se sentir bouleversée: le chemin est différent de ce que tu as connu, mais il peut quand même mener au bonheur!:)

    Il faut garder confiance Marie, on va y arriver!

  • J’ai fait une belle réponse hier qui prenait en compte touts vos commentaires. Perduuee ! Pff !

    MERCI à toutes pour vos encouragements et votre compréhension. Chacune a apporté qqchose d’intéressant à la question.

    Une partie de moi est convaincue en effet que plusieurs chemins mènent au bonheur… D’ailleurs j’aurais très bien fonctionné à l’école régulière moi-même (même que, en arrivant au secondaire, j’étais contente qu’on m’impose un contenu et une façon rigide de prendre des notes et tout et tout ! Comme quoi !:))

    Je sais aussi que la clé, c’est les relations humaines. Je vais laisser Léonard juge de son appréciation de son enseignante. Je crois les doigts fort fort pour lui, pour que ça clique, pour qu’il se sente apprécié, encouragé, etc.

    Johanne, désolée pour ce que tu as vécu pendant ta scolarité. Je peux seulement te dire que le manque d’ouverture à la différence, l’originalité, etc., c’est un trait très ado, peu importe où ! J’en ai souffert moi-même, au secondaire, dans une école bohème axée sur les arts en pleine ville !

    Tarzile, tu mets le doigt sur qqchose d’important. À l’école régulière, les enfants prennent peu de décisions. Font peu de choix. C’est tellement dommage. Tout et programmé d’avance… Tu soulèves la question des périodes libres : en effet ! Et ne dit-on pas que les enfants d’aujourd’hui se sentent au dépourvu dès qu’il y a un moment sans activité dirigée, même à la maison ?

    (En même temps, je nage en plein paradoxe; comme enseignante et dans ma job actuelle, j’adorais créer des situations d’apprentissage !)

    (En passant, Jonathan, c’est loin de l’école libre :) C’est même à mon avis bcp plus exigeant que l’école régulière !)

    Isabelle, ce que tu dis de la sélection d’élève me paraît tout à fait ABERRANT à l’alternatif ! (Léonard a passé un test d’admission élitiste/d’écrémage, mais pour l’international… Faudra que je revienne en parler ici…)

    Bon je m’arrête là pour ce soir… Merci encore à celles qui prennent le temps de commenter ici :)

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