Vie pimentée de militante (Bienvenue aux réfugié.e.s !)
NoctuArt : Chanter l’eau, en toute solidarité (1re partie)
J’ai toujours perçu ce blogue comme une sorte de portfolio où je peux, au gré de mes envies (ou plutôt… au gré du temps et de l’énergie amoureusement conservés pour enfin me livrer avec bonheur à cet exercice), raconter un épisode de ma vie (mariage, voyages, parentage !). Ces temps-ci, je me sens plutôt en mode « états d’âme ». Sauf qu’il y a quelques jours, ma superbe amie-maman-chanteuse-blogueuse Anne-Lise Nadeau a lancé un appel sur Facebook pour rédiger un travail universitaire sur les griots (ces musiciens et conteurs au cœur de la transmission et de la vitalité culturelle en Afrique de l’Ouest); je me dis que c’est l’occasion ou jamais de raconter une expérience musicale extraordinaire vécue au sein du NoctuArt à l’automne 2003 !
1re partie : Recherche d’un répertoire sur l’eau
Printemps 2003, année internationale de l’eau. Dans le cadre de mon travail au CLUB 2/3, j’apprends que les JQSI (Journées québécoises de la coopération internationale), qui ont toujours lieu en novembre, porteront sur l’accès à l’eau dans les pays en voie de développement. J’ai soudain une grande idée que je partage illico avec mes comparses du Noctu : et si nous montions un répertoire choral inspiré d’œuvres du monde entier et traitant du thème de l’eau ? Et si nous offrions aux membres de l’AQOCI (Association québécoise des organismes de coopération internationale) d’interpréter ces œuvres lors des événements des JQSI ? La « conceptueuse » en moi va plus loin : pourquoi ne pas en profiter pour, chaque fois, faire découvrir à l’auditoire que le chant choral est déjà en soi un acte de solidarité, puisque l’œuvre chantée perd toute sa substance si une des quatre voix (soprano, alto, ténor ou basse) manque à l’appel ?
Idée acceptée par les membres du Noctu et accueillie avec enthousiasme par certains organismes de coopération internationale. Bonne idée, dis-je… mais quel défi à relever !
Je passe l’été à chercher sur Internet, parmi tous les sites de partitions téléchargeables, des œuvres à quatre voix portant sur l’eau. Idem dans les partithèques.
Je lance aussi des appels auprès de tous mes contacts artistiques dans le monde entier.
Ces recherches-là ne sont pas très fructueuses.
Il faut dire que le chant choral est un grand incompris (vous en parlerai à mes amis Nonctueux !). La plupart des gens ne comprennent pas ce que c’est que le chant en harmonie, à deux, trois ou quatre voix. Alors on me dit connaître des chansons, en me propose des titres… et je me retrouve devant des enregistrements de chansons interprétées par une seule personne (Je bois de l’eau de Michel Rivard en passant par Il pleut, bergère !). Mais des arrangements pour chœur ? Des partitions qui vont avec ? Kosséça ?
Je passe donc l’été à communiquer aussi directement avec des membres d’autres chœurs ayant déjà interprété des chansons portant sur l’eau - ce qui est en soi rarrissime - pour tenter d’obtenir des partitions. J’obtiens ainsi une version pour quatre voix des Eaux de mars (composée par Antonio Carlos Jobim du Brésil et réinterprétée par George Moustaki de France) en version bilingue français-portugais. Merci, Mille et un sons, qui a accepté d’échanger des partitions avec nous. On tient enfin quelque chose de beau !
Ensuite, quelqu’un met la main sur un gospel, Down by the river side. Le symbole de l’affranchissement de l’esclavage… superbe idée, énergisante à souhait !
La recherche se poursuit mais les énergies s’épuisent. C’est donc bien compliqué, dénicher ces perles rares de partitions-de-pièces-à-quatre-voix-du-monde-entier-sur-le-thème-de-l’eau, coudonc ! Pff !
Le répertoire de prédilection du Noctuart – les chants de la Renaissance – nous vient alors en aide. Nous mettons la main sur La terre, les eaux va buvant, un texte de Ronsard mis en musique par Costelay, et réécrivons carrément les paroles de la fameuse chanson à boire intitulée Tourdion !
Nous allons aussi fureter du côté de la musique traditionnelle. Pendant que les bateaux de Gilles Vigneault nous frappe au cœur (Jean-François s’écrie en lisant les paroles : il FAUT chanter du Vigneault dans le cadre de ce projet !); un talentueux membre du Noctu de l’époque, Raymond, en fera un superbe arrangement, poignant, à plusieurs voix. Et puis, À la claire fontaine à quatre voix, c’est très joli, et nous pourrons l’utiliser pour illustrer la solidarité entre les voix.
Fiou, on commence à avoir un petit répertoire qui se tient ! Trois langues, trois continents, quatre pays… Faut pas lâcher !
Mais une idée m’obsède. Il serait pour moi inconcevable de monter ce projet sans une œuvre africaine. Pour illustrer les défis de la population de ce continent aux prises avec des problèmes inimaginables d’accès à l’eau, mais aussi pour rendre hommage à la tradition musicale exceptionnelle de cette même population.
Marie relèvera-t-elle cet incroyable défi ? C’est ce que nous découvrirons dans le prochain épisode !