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  • Parentitude : Maman disjonctée appelle à l'aide !

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    crédit photo: Jessy Luke

    Mesdames les docteures sociologiques, aidez-moi.

    Mes enfants sont tannants et j’ai peur que ce soit de ma faute. J’ai tellement fait de choses dangereuses pour leur santé, pendant mes grossesses, pendant l’accouchement, et depuis leur naissance ! 

    D’abord, j’ai eu du diabète de grossesse.  Malgré la diète extra stricte, j’ai dû me shooter à l’insuline.  Les docteurs ont eu très peur que mes bébés soient trop gros.  Mais sûrement parce que j’ai été très rigoureuse dans mon calcul de glucides et mes piqûres, ils étaient en forme à la naissance.  Mais s’ils sont tannants maintenant, ça y est peut-être pour quelque chose ? J’ai  honte car j’ai parfois triché, vous savez.  8 raisins au lieu de 6 (portion maximale) comme collation, ça a dû avoir un impact !

    Ensuite, j’ai pris l’épidurale.  Quelle honte. Tout le monde le dit : les bébés tètent moins bien, ils sont moins toniques…. Pourtant, j’étais heureuse d’accoucher détendue, souriante, blagueuse !  Et moi qui croyais que lorsqu’on pense positif, la vie devient belle ?  Pourquoi alors ai-je des enfants tannants ?  Parce que j’ai accouché à l’hôpital, en jaquette bleue, sans musique zen ?  J’ai transgressé toutes les recommandations des sages-femmes.  J’ai même osé accepter d’accoucher semi couchée.  Honte à moi.

    J’ai pourtant allaité mes deux garçons 11 et 20 mois respectivement ! Tout le monde dit que c’est de l’or blanc, ce lait-là ! Bon, je m’en confesse, je croquais parfois un petit carré de chocolat noir à l’heure du dîner.  J’ai dû les surexciter avec mon lait boosté aux antioxydants.  Oh mon dieu.  C’est sûrement pour ça qu’ils n’ont pas fait leur nuit rapidement !

    Le pire de ma confession arrive.  Je dois l’avouer, le fait de ne pas dormir pendant des mois m’a rendue… déprimée.  Ouiiii, je sais, c’est poison pour l’entourage, une personne déprimée !  Imaginez mes petits, dont je m’occupais 24h sur 24 !  Ils ont eu à dealer avec une mère tristounette pendant des mois (j’ai même eu des épisodes de découragement enceinte, et tout le monde le sait, les émotions passent à travers du placenta !).  Les pauvres !  Ah, ce que je m’en veux !  J’ai tout fait pour appliquer les principes de la pensée positive.  Chaque soir, je couchais mes bébés en me disant : « Cette nuit, il va dormir ! » Mais non, fallait qu’il se réveille, encore et encore !  Je ne devais pas y croire assez fort.

    J’en ai lancé des appels à l’aide sur Facebook.  On m’a donné plein de bons trucs. Comme de sourire, de chanter, de transmettre ma joie de vivre à mes beaux bébés.  De couper le chocolat, les oignons.  De les sortir plus qu’une fois par jour.  De pratiquer le 5-10-15 – paraît que ça marche en 3 nuits !  Sauf que pour mon deuxième, ça a pris 5 mois ! Je ne devais pas appliquer les règles correctement.  J’ai dû faire du 3-6-18, parfois, et ça l’a tout mélangé dans mon approche !

    Et puis le 5-10-15, une maman épanouie l’a dit à Tout le monde en parle, c’est cruel !  Ça équivaut à laisser son bébé dans son vomi toute la nuit !  Dire que je l’ai torturé pendant des mois !  Ma culpabilité est dans le tapis depuis l’émission !!!

    Pour en revenir aux réveils nocturnes à répétition, on a chuchoté dans mon dos que ce devait être parce que j’ai emmené mon petit dernier en Europe à trois mois et en Inde à neuf mois.  Ce serait le décalage qui l’a fucké.  Encore à deux ans il lui arrive de se réveiller la nuit.  J’ai peut-être fucké son cycle circadien pour toujours ? Pourtant, j’avais suivi tous les conseils de la pédiatre et de la clinique des Voyageurs ! Et il n’était pas « à l’envers », il ne dormait juste pas 8 heures en ligne comme tout le monde ! Et que dire de l’air malsain des avions ?  Ce doit être pour ça qu’il fait des otites à répétition !

    Et puis, mes pauvres enfants ont un quotidien malsain.  Je me sens si coupable, et pourtant, je n’ai pas la force de combattre toutes ces mauvaises habitudes.  Entre autre, je dois l’admettre, même si j’ai cuisiné plein de purées maison aux légumes bios, il est vrai que j’ai parfois donné des petits pots à mes enfants.  Je sais, la nourriture industrielle est destructrice. Mais il y a pire.  Il paraît que les colorants artificiels rendent hyperactif.  Mais presque tous les yogourts en contiennent !  Je ne sais plus quoi leur donner comme collation depuis que l'enseignante de mon grand lui a fait savoir que celles que je lui préparais étaient malsaines (ben oui, y'a du sirop de maïs dans les barres tendres bios, piiiis ?) !

    Je termine avec deux agissements criminels.  Heureusement que vous avez accepté de respecter mon anonymat.  Parce que j’ai peur de ce qui va suivre.

    La première chose : nous habitons en ville. Avons une toute petite cours et pas de piscine.  J’ai donc mis au monde des enfants du smog.  J’aurais peut-être dû écouter les conseils des adeptes de la banlieue : nous produirions du smog (à moins de changer de job ?) mais y échapperions chaque soir dans notre nouveau développement. Nous serions en train de planter des fouets là où des boisés viennent d’être rasés !  Je m’en veux.  Montréal est une ville si dangereuse.  Mes enfants risquent de tomber dans la drogue et la prostitution, dangers rampant à même notre ruelle. Ce sont des délinquants en puissance, ça se voit déjà dans leurs comportements. Est-il trop tard pour nous endetter en achetant deux chars ?  Je ne sais plus quoi faire !

    La deuxième chose : il arrive que mes enfants écoutent un film à la télé. J’ai même déjà mis mon bébé devant un « Bébé Einstein » parce qu’il était tellement demandant que je n’avais pas réussi à cuisiner un souper depuis des mois. Imaginez toutes ces images colorées qui sont allées court-circuiter son cerveau !  J’en suis malade. J’ai des amies qui ont de petites filles si sages qu’elles n’ont jamais ressenti le besoin de les mettre devant un film.  Ce sont elles, les images.  Sages comme des images.  Leurs mères, elles, elles l’ont l’affaire ! 

    Pourquoi pas moi ?!


    N.D.L.R. Lectrices et lecteurs, ceci est un exercice de style ironique pour soulever la question de la surresponsabilisation des parents dans la socité québécoise des années 2000.  C'est très inspiré de moi, avec des speeds et des électrochocs directement dans le système nerveux ! De grâce, ne prenez pas ces paroles au pied de la lettre ou, encore pire, ne prenez pas personnel certains passages ! Merci ;)