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Causes et éducation: L'école de toutes les réalités

Ce texte est initialement paru sur le blogue On jase. Merci à toute son équipe.

Mariage lesbien juif.jpgLes polémiques s’entrechoquent : certains veulent abolir le cours d’Éthique et culture religieuse (ECR), d’autres refusent que leurs enfants entendent parler d’homoparentalité(d’homosexualité? de sexualité?) à l’école. On dénonce ici « les religions »; on invoque là la liberté de religion.

Il me semble qu’on fait face au même enjeu ici - que je résumerais en deux questions. Les parents peuvent-ils demander que leurs enfants ne soient pas exposés à certaines réalités? Ou doit-on au contraire insister pour que tous les enfants aient accès à toute la diversité des sociétés humaines à l’école? Je réponds par l’affirmative à la seconde question.

Les enfants québécois vivent dans une société où se côtoient diverses postures de conscience et divers types de famille. L’école doit permettre une compréhension de ces réalités. Ne pas les nommer serait hautement problématique.

Imaginons un instant des parents qui disent à leurs enfants que les athées n’ont pas de morale; des parents qui affirment à la maison que les musulmans sont tous des terroristes; des parents qui répètent à leurs enfants que les catholiques sont tous des pédophiles.

Imaginons que les enfants qui entendent ces affirmations à la maison côtoient à l’école des enfants issus de familles athées, musulmanes et catholiques, mais que nulle part et jamais ces questions ne sont abordées en classe. Comment ces enfants apprendront-ils à vivre tous ensemble leur parcours scolaire?… avec quels malaises, quels préjugés, quelles méconnaissances et incompréhensions des réalités vécues par leurs pairs? Car ces réalités sont des faits : il y a des humains qui croient, d’autres qui doutent, d’autres qui ne croient pas. Et à l’intérieur de ces catégories, il y a une infinité de nuances dans la manière dont ces postures sont vécues. Avec quelles conséquences vivrait-on si nous choisissions l’omerta?

Imaginons maintenant des parents qui disent à leurs enfants que l’homosexualité est proscrite dans leur religion et que s’ils entendent parler d’homoparentalité, il s’agit d’une « idéologie », d’une chose contraire à la biologie (il est à noter que l’homoparentalité ne remet pas en question la nécessaire rencontre entre un ovule et un spermatozoïde), d’une chose problématique.

Imaginons que ces enfants se rendent ensuite compte qu’à l’école certains de leurs camarades ont deux mamans ou deux papas, mais qu’il ne soit pas possible d’aborder cette question en classe ni possible de parler de la diversité des familles dans l’histoire de l’humanité — adoptions, familles élargies après avoir accueilli des orphelins, monoparentalité, homoparentalité. Bref, imaginons que toutes ces réalités soient taboues. Comment ces enfants apprendront-ils à côtoyer ceux qui ont des parents homosexuels?… avec quels malaises, quels préjugés, quelles méconnaissances et incompréhensions des réalités vécues par leurs pairs? Avec quelles conséquences vivrait-on si nous acceptions l’omerta?

Dans les deux cas, ce qui manquera, c’est d’abord le contact avec le spectre des nuances des réalités humaines. Ce sont des humains uniques qui se trouvent derrière les étiquettes « athées », « musulmans », « catholiques », « homosexuels ». Ce qu’on enlèverait à nos enfants, c’est l’espace pour reconnaître la légitimité des humains dans toutes leurs différences.

Et faisons attention : reconnaître les différences, ce n’est pas en faire la promotion. Je m’adresse ici autant à ceux et celles qui exècrent le cours d’ECR qu’à ceux et celles qui ne supportent pas l’idée de parler d’homoparentalité à l’école. Les critiques peuvent vite dégénérer en dénonciation d’un supposé prosélytisme ou dans la peur d’une supposée promotion de l’homosexualité. Or, présenter un éventail de faits, c’est donner des clés pour comprendre le monde qui nous entoure, pour l’appréhender dans toutes ses nuances. Et permettre à chaque enfant d’être reconnu dans sa spécificité par les autres enfants, sans présupposés. C’est jeter les bases d’une société tolérante. Personne ne devrait pouvoir empêcher ses enfants de se faire décrire sans jugement la diversité qui les entoure. On ne peut interdire aux parents d’exprimer des malaises à leurs enfants. Mais il est indispensable de maintenir le filet de protection de la dignité - et la dignité commence par une reconnaissance de l’être - de toutes les personnes que constitue une éducation à la diversité, une éducation à toutes les différences.

 

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