Vie pimentée de militante (Bienvenue aux réfugié.e.s !)
Hommages : Notre ami Jacques Gélinas
Plusieurs amis de mon papa ont écrit, l’hiver dernier, un texte à 14 mains pour lui rendre hommage. Ils souhaitaient un hommage public et ont donc envoyé le texte au Devoir, journal que ma grand-mère, mon père et moi-même lisons depuis si longtemps. Le Devoir ne l’a pas publié, mais je suis heureuse de pouvoir au moins le diffuser ici ! Cela me touche de les imaginer rédigeant ce texte à distance – l’une des auteurs étant même au Viêt Nam à ce moment-là ! Merci à vous toutes et tous !
Notre ami Jacques Gélinas (1944-2007)
Nous, amis, collègues et ancienne élève, avons connu Jacques dans différentes sphères de sa vie. Il nous semble important de lui rendre cet hommage public, parce que c’est un être exceptionnel que notre société vient de perdre, et parce que certaines de ses convictions et de ses réalisations valent qu’on s’en souvienne.
Pédagogue remarquable, son dévouement et sa générosité pour ses étudiants ainsi que le souci de transmettre non seulement des informations factuelles mais aussi des valeurs fondamentales ont enrichi et donné un sens à sa longue carrière de professeur d’histoire au cégep de Saint-Laurent où lui-même avait fait ses études quand l’institution était un collège classique.
Jacques était un humaniste au sens plein du terme, comme on en trouve trop rarement. Son indignation devant toutes les formes d’injustice, de misère et d’oppression a orienté sa carrière et présidé à ses réalisations. Avec quelques collègues du cégep, il a fait oeuvre de pionnier quand il mis sur pied le programme SENS (Sensibilisation aux Échanges Nord-Sud), auquel il a participé activement durant plus de 25 ans. Par des cours appropriés (histoire, économie, sciences politiques, espagnol…) et des stages de coopération, il a contribué à sensibiliser des centaines d’élèves aux réalités de certains pays d’Amérique du Sud. À l’époque, ce genre d’ouverture au monde, maintenant activité régulière dans plusieurs écoles et cégeps du Québec et d’ailleurs, était une nouveauté.
Indifférent à la fortune et à la célébrité, Jacques était d’abord un amoureux de la vie, des voyages, du Québec, des beaux textes, et de la chanson française. Foncièrement bon, il était toujours prêt à établir des relations de confiance et voyait le meilleur en chacun. Cette disposition positive lui faisait toujours voir le bon côté des choses de la vie mais ne l’empêchait pas d’être lucide et de prendre position quand des valeurs, à ses yeux importantes, étaient en jeu.
Jacques est parti prématurément, à 62 ans. Il nous laisse l’impérieuse nécessité de nous entraider, de nous connaître mieux les uns les autres, de poser des gestes concrets, utiles à la communauté humaine. Nous nous sentons heureux et privilégiés de l’avoir côtoyé. Il nous semble que la meilleure façon de lui rendre hommage et de perpétuer sa présence parmi nous est d’appliquer dans nos vies de tous les jours ses attitudes d’ouverture, de fidélité, d’attention aux autres et de souci du mieux-être collectif.
Au-delà de notre peine, merci Jacques.
Nicole Décarie
François Filiatrault
Robert Giroux
Andréanne Latreille
Pierre Lefrançois
Francine Moreau
Monique Picard