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  • Voyages : Ma tête dans le Mur de Berlin

    602630164.jpgJ’ai 16 ans.  Nous sommes en 1990.  Le Mur est tombé il y a moins d’un an, et je me balade en Europe, sac au dos.  Je réalise un rêve deux ans plus tôt que prévu... et JE TRIPPE !!!

    Tout a commencé (c’est le bing bang de mon envie de faire le tour du monde que je vous raconte là, ce n’est pas rien ! J ) en 1re secondaire. Je me lie d’amitié avec deux élèves de mon école, une Espagnole (Elena) et une Allemande (Anne), toutes deux au Québec pour la durée d’une année scolaire.  Mon cours de géo me fait rêver. Coup sur coup, je lis un roman qui se déroule en Suède, découvre le groupe norvégien A-ha et prend une grande décision : je vais faire le tout du monde !  Voyager le plus possible !  C’est tout, bon !

    J’étais déjà allée en Europe avec ma mère vers l’âge de 8 ans et j’avais beaucoup aimé, mais je n’avais pas alors senti l’appel de l’aventure sac au dos.  Cette fois-ci, je m’imagine déjà dormir par terre dans les gares, manger une fois par jour et chanter au coin des rues pour survivre...  Que voulez-vous, le mélodrame Sans famille d’Hector Malo m’a marquée ! J Entre ce moment et mon voyage en Europe occidentale à 16 ans, j’aurai le bonheur d’aller en Grèce (été 87) et en Martinique (été 89) avec mon papa et dans un camp de vacances juif anglophone en Ontario (été 88), mais ça, ce sont d’autres histoires !

    Imaginez une ado qui a soufflé ses 16 bougies en janvier de sa 4e secondaire.  Romantique. Idéaliste. Toujours à correspondre avec ses 19 correspondants d’un peu partout dans le monde, dont Margriet en Hollande. Qui écoute les Beatles nuit et jour. Qui a parfois des nouvelles de son amie allemande rencontrée en 1er secondaire, entre autres lors de l’effondrement du Mur de Berlin. Qui trépigne d’impatience, veut voir du pays et partir à l’aventure et se dit qu’il faut bien qu’elle attende ses 18 ans pour faire comme son cousin Nicolas et ratisser enfin l’Europe dans tous les sens avec une Eurail-Pass !

    Un jour, ma grande copine Sophie m’annonce qu’elle ira encore en Europe l’été qui s’en vient, pour voir des membres de sa famille (ses parents sont Européens : sa mère est piémontaise mais a vécu une grande partie de sa vie en France et son père d’origine corse et ayant vécu toute son enfance au Maroc a vécu longtemps en France !!!)  Je ne fais ni d’une ni deux : « et si on allait un peu partout en Europe voir les gens qu’on connaît ?  Des amis de ta famille en France, Anne à Berlin, Margriet en Hollande, Elena en Espagne... ?  On n’a pas encore l’âge des auberges de jeunesse (!), mais en allant chez des gens... »

    Eh bien, on l’a fait !  Nous n’avons pas réussi à aller jusqu’en Espagne (j’ai eu bien des deuils à faire, car moi je voulais AUSSI aller à Moscou (!)), mais en 5 semaines, nous sommes allées à Paris, puis Toulouse par le train de nuit, puis des excursions à la mer et à Bordeaux, puis un arrêt à Grenoble, puis le train jusqu’à Berlin en passant par Bâle et Francfort (la traversée de l’Allemagne de l’Est s’est fait de nuit et on s’est fait confisquer nos passeports), puis en Hollande chez ma correspondante (que je n’avais jamais rencontrée et que j’ai revue deux fois depuis), puis à Paris de nouveau.  Merci à tous ceux et celles qui nous ont si chaleureusement accueillies !!!!

    Pour votre info, j’ai payé mon billet d’avion et mes dépenses quotidiennes avec mon propre argent de poche gagné en travaillant à la Pâtisserie. Mes parents m’ont offert la passe de train et m’ont aidée à acheter des cadeaux pour mes hôtes (t-shirts du Festival de jazz, romans québécois, sculptures inuits...). Sophie était très impressionnée par mon sens de l’organisation. Plusieurs semaines avant notre départ, j’ai acheté une carte ferroviaire de l’Europe et ai préparé notre itinéraire avec soin car nos parents étaient certes prêts à nous laisser partir, mais en autant que quelqu’un soit tout le temps présent à la gare pour nous cueillir ! Je savais donc l’heure, la minute et le quai exacts pour chacune de nos destinations !

    On a mangé du pain baguette avec du chocolat et des pêches blanches tout le temps (Sophie s’offrant aussi des camemberts, moi je n’aimais pas).  J’ai lu Une prière pour Owen de John Irving à la plage et dans les trains. J’ai traîné deux douzaines de cassettes audio pour écouter ma musique des années 60 et 70 jusqu’à plus soif.  Nous avons pris plein de photos noir et blanc : de ruelles, de vélos, mais surtout pas de « monuments » (c’est vraiment trooooop poooooche visiter des monuments fraaaaaaaaaaaaaaaannnnnnnnnchement !!!! – dixit deux filles de 16 ans).  En sortant de la gare d’Amsterdam, je me suis dirigée à l’œil vers la Maison d’Anne Frank et ne voulait plus en partir.  La tombe de Jim Morrison et La Main de Dieu de Rodin sont mes plus beaux souvenirs parisiens de ce séjour...

    Mais bien sûr, un des clous de notre voyage fut le Mur de Berlin.  Le 1er mur – celui qui donnait sur Berlin-Ouest – était déjà démantelé, mais le 2e – celui qui donnait sur Berlin-Est et qui créait auparavant un espace de corridor « no man’s land » de quelques mètres de large entre les deux murs – tenait encore debout, quoique déjà en piètre état.  Nous l’avons franchi, le temps de voir une série de Lada stationnées de l’autre côté.  Sur la photo, c’est donc vraiment moi, vraiment à Berlin, vraiment dans le Mur !

    Je savais déjà que j’aimais être ailleurs, que j’aimais être confrontée à la différence, que j’aimais me retrouver là où l’histoire avait fait vibrer l’humanité.  Et cela ne faisait que commencer !