Vie pimentée de militante (Bienvenue aux réfugié.e.s !)
Bonheurs : Fête d’anniversaire et préparatifs pour rénos et déménagement : tout un travail d’équipe en famille élargie !
Voici le genre journée où on se promet de se coucher tôt, tôt, tôt (c'est vite dit de la part d'un oiseau de nuit coriace comme moi). Où on se dit que nous n’aurions pas eu le courage de l’entreprendre, cette journée, si on avait conscientisé tout ce qui nous attendait. Où on a pourtant le cœur léger parce qu’on se sent vraiment vivants, bien entourés... heureux !
Le programme était simple, pourtant : brunch d’anniversaire de Léonard dans l’appartement de mon papa, puis, pour profiter du fait que les frérots et le beau-frérot sont de la partie, déplacement de boîtes dans la cave et de meubles dans l’appartement en prévision des rénovations qui ne tarderont pas à commencer. Simple ? Peut-être ! Mais pas reposant !
Voici un aperçu de la journée et de ce qui l’a précédée :
3 jours avant : maman Marie va à la pâtisserie où elle a travaillé toute sa jeunesse (de ses presque 16 ans à 22 ans) : elle laisse au pâtissier le matériel nécessaire au succès de l’entreprise « gâteau d’anniversaire qui tient compte des différentes passions de Léonard ».
La veille, dans la journée : Papa Jef court les boutiques pour acheter un t-shirt du Canadien taille 3 ans (en vain) et des cadeaux et une carte (bingo).
20h-22h : une maman Marie grippée et épuisée concocte une peperonata en prévision des œufs à la basque pour le lendemain, ainsi qu’une boîte remplie de nappes, salière-poivrière, ustensiles, recette gribouillée sur un bout de papier et que sais-je encore. Elle emballe aussi le cadeau et rédige avec son amoureux une carte pour Léonard.
Le jour J - matin très tôt : papa Jef prépare son mélange de gaufres.
Entre 7h30 et 9h : branle-bas habituel chez la famille de la Terre (petit déjeuner, petit pot, petits vêtements, petit sac de jour, petit (GROS !) départ).
9h30 : Ma mère nous rejoint devant chez mon papa. Elle emmène Léonard au parc pendant que Marie va acheter les derniers ingrédients et que Jef passe l’aspirateur.
9h45-11h : Jef va chercher ma grand-mère paternelle, passe acheter le gâteau et des pains. Mamie repasse une nappe et aide Marie dans 36 000 tâches connexes. Marie déplace des meubles, mets les tables (nous serons 11 adultes 3 enfants !) et tente de trouver 14 chaises ou autres meubles pouvant servir de repose-derrière...
11h : La visite arrive !
11h-12h : Montage des œufs en chakchouka, tranchage des pains, confectionnage de deux douzaines de gaufres, infusionnage de café, jasage avec les invités...
12h30 : Brunch (ah ces œufs cassés un à un dans des ramequins où l’on a préalablement mis de la peperonata... Ça fait deux fois que je fais la recette, deux fois que ça prend le double du temps prévu, pff ! Mais c’est bon ! Surtout accompagnés de fèves au lard maison à la pancetta, des betteraves marinées de la belle-sœur, de gâteaux aux pommes et au yogourt de ma grand-mère, de gaufres au sirop/beurre d’érable ou au nutella ou à la confiture de fraises de mon papa, de pain frais grillé, de jus et de café...)
13h : Mes deux frères (les fils du chum de ma mère... Ils m’appellent « ma sœur », je les appelle « mes frères », et le géant coup de main qu’ils m’ont donné aujourd’hui montre bien l’esprit de famille cinghalo-québécoise qui nous anime !!!) vont dans la cave avec Jef et les trois déplacent des tonnes de boîtes et d’artefacts afin de libérer le réservoir à huile et la fournaise que je vais faire sortir de là au plus sacrant. MERCI FRÉROTS !!!!!!!! Pendant ce temps, mon beau-frère joue avec les 3 enfants et belle-soeur et moi lavons assez de vaisselle pour passer ensuite au dessert !
14h : Déballage des cadeaux (dont le premier – en photo ci-contre - vole la vedette à tous les autres, pourtant eux aussi magnifiques. Léonard n’en a que pour lui – je vous avais déjà mis le lien ici, c’est TROP GÉNIAL cette maison dans l’arbre !!!).
14h30 :Gâteau d’anniversaire. Youpi ! Je suis tombée pile en commandant à mon ancien-patron, comme un oncle pour moi, un framboisier succulent adapté pour l’occasion : recouvert d’une pâte d’amande verte au lieu de rose, dessin de Musti sur un cercle de pâte d’amande neutre, chandelles thématiques de la ferme et des petites framboises en gelée - les « petits bonbons rouges » préférés de Léonard. Vous remarquerez d’ailleurs que, sur la photo, un petit garçon a déjà commencé à en « cueillir », des framboises !
Ben non je n’ai pas cuisiné le gâteau moi-même, mais suis très heureuse de mon idée. Je fais plein d’autres choses moi-même dans la vie, des faire-part aux fèves au lard !
15h-16h30 : Les parents de Jef et ma belle-soeur emmènent les 3 enfants au parc. Ma mère et moi faisons la vaisselle et ramassons. Jef et le mari de ma belle-sœur réussissent avec génie à entrer tous les meubles de l’appartement dans une seule pièce, la seule qui ne sera pas touchée par les rénovations – celle de mon papa qui deviendra celle de Léonard. Ma grand-mère de près de 90 ans enveloppe tous les cadres dans des serviettes de bain. Elle le fait avec amour. Ce sont des objets ayant appartenu à son fils, parti trop tôt, à 62 ans. Je sens qu’elle est heureuse d’être restée avec nous plutôt que de sortir au parc. Une énergie de plus dans ce sentiment qu’aujourd’hui, nous formons une équipe formidable. MERCI À VOUS TOUS !!!!!!
16h30-16h45 : Toute la famille va faire un tout au rez-de-chaussée visiter l’appartement vide, maintenant que la locataire est partie. Je les préviens : quand ils reviendront, la maison aura changé du tout au tout !
16h45–17h : on ramasse (presque) tout et on retourne chez nous. On se coucherait drette là, mais non : on range, on soupe avec des restes, on joue avec le petit (il ne lâche plus sa famille d’écureuils !), on tente de le coucher un peu plus tôt, et me voici vous relatant la journée, la gorge en feu. C’est fou, ce sentiment d’être si bien entourée, de voir son fils tellement aimé, de sentir l’esprit d’équipe qui anime les miens quand ils abattent du travail avec autant d’ardeur !
Et toi papa, nous as-tu vu dans ta maison aujourd’hui ? Nous avons dégusté ta confiture en pensant à toi, nous avons déplacé chaque objet en pensant à toi, nous nous sommes émerveillés devant l’évolution de Léonard en pensant à toi. C’est une de mes façons de vivre mon deuil : vivre ma vie du mieux que je peux, maintenant que je ne peux plus te demander conseil, ne peux plus t’inclure dans mes projets et mes activités, ne peux plus t’inviter à l’anniversaire de Léonard. Je pense à toi car la vie me fait penser à toi. L’actualité, Montréal, mon travail, les livres, le cinéma... Tout me fait penser à toi, surtout les yeux de Léonard. J