Vie pimentée de militante (Bienvenue aux réfugié.e.s !)
Voyages : Journée mémorable en Syrie
Photo : femmes devant le Palais Azem (1749-1752) à Damas
Été 2001 : Jef et moi parcourons, sac au dos, la Syrie et la Jordanie. (Oui, je sais, quel timing !)
Nous avons eu un véritable coup de foudre pour la Syrie. D’abord, cet extraordinaire sentiment de sécurité (après une escale à Amsterdam où les vols à l’arraché sont une véritable plaie, quel bonheur de déambuler dans les rues, la nuit tombée, le passeport à la main, sans aucune inquiétude !!!); l’accueil chaleureux des gens (le 11 septembre 2001, j’ai eu le cœur serré en pensant à toutes ces personnes qui nous avaient si chaudement reçus dans leurs petits hôtels et restos et qui allaient sûrement souffrir d’une baisse certaine d’achalandage); les souks labyrinthiques, leurs épices et savons à l’huile d’olive et au laurier; la bouffe siiiiiiiii délicieuse (c’est en Syrie que j’ai entendu pour la première fois grogner mon chum de plaisir alors que mangions froid – les légumes farcis y sont tellllllement bons ! Et je ne vous parle pas des figues fraîches !; quant aux pâtisseries à base de pâte d’amande et de pistaches, je les réserve pour un autre texte); les rencontres avec plus de Français sympathiques que jamais (« Vous êtes québécoise ? Vous devez avoir une voix magnifique ! Et je suis jaloux de votre accent ! Ahhh ! »); les amitiés durables qui ont résulté de ce voyage (hein Chrystèle ? J ); et bien sûr, plus de vestiges historiques au mètre carré que nulle part ailleurs (je vous en soupoudrerai un aperçu de ci, de là dans ce texte...)
Photo : ruines de Palmyre (200 avant Jésus-Christ) vues de l'oasis
Bref, pendant notre séjour, une journée pas comme les autres nous a émus, bouleversés, profondément marqués. Elle est de celle qui, une fois terminée, nous laisse béats et incapables de dormir. On arrive dans notre chambre d’hôtel et on se dit c’est pas possible, on a vécu tout ça aujourd’hui ? Et là, c’est fini ?
Nous sommes à Hama, grande ville de province du centre du pays célèbre pour ses norias (sur la photo...). Nous prenons un « tour » pour visiter tout plein de sites en une journée. Nous montons dans le minibus et déjà la magie s’installe : un Français (yé !), une Polonaise, un couple de Soudanais et leurs deux petits (oui, oui), un Britannique d’origine pakistanaise et un Américain de San Francisco extrêmement sympathique - tout ce beau monde va s’entendre à merveille ! J
Je vais vous faire une confidence : je n’ai pas tant de souvenirs que ça de ce « tour ». Bon, disons que je me souviens bien de ces maisons en forme de ruches qui offrent un abri de fraîcheur à ses habitants (nous y avons pris le thé et je VOUS JURE qu’il y avait là un frigo, même si on ne voit pas un fil électrique à l’horizon !). Je me souviens aussi de ce château arabe disparu peu à peu au soleil couchant...
Mais ce dont je me souviens surtout, c’est de la conversation qui est née au pied de ce château. Nous nous sommes mis à parler d’Adam et Ève (???!!!). Les Soudanais et le Britano-pakistanais nous ont expliqué que dans l’Islam aussi Adam et Ève sont présents (les points communs avec le Christianisme sont si nombreux que cela ne m’a pas étonnée – la mosquée de Damas comprend un minaret dit "de Jésus" et le tombeau de St-Jean-Baptiste ! Alors !); on a comparé les deux versions de l’histoire (Abel et Caïn et la possible, ou non, descendance... Car si Adam et Ève étaient les premiers, comment le frère meurtrier a-t-il pu se rendre à la ville après son méfait ?!) et je vous épargne toutes nos élucubrations ! C’était amusant de voir que la Polonaise athée et le Français calviniste se montraient agacés par notre discussion pendant que notre ami américain catholique et nous-mêmes, très peu pratiquants, profitions avec un plaisir manifeste de ce moment de grâce oeucuménique !!!
Photo : Marie dans la Citadelle d'Alep (11e siècle)
En descendant au rez-de-chaussée du resto après le repas, nous avons découvert que quelque chose de spécial s’y déroulait : un mariage ! Que des hommes, en fait (les célébrations se fêtent séparément semble-t-il !), à part la Polonaise et moi. Les gars ont donc dansé (Jef avec son t-shirt des Légendes fantastiques de Drummondville, oui oui !), tout ce beau monde est sorti dans la ruelle millénaire, des coups de feu ont retenti dans les airs... Et nous sommes rentrés gentiment nous coucher.
Photo : Jef rédige son journal de voyage sur le toit de l'hôtel à Alep
Vous avais-je dit que ce fut une journée mémorable ? J
Après le 11 septembre 2001, j’ai réussi à retrouver, en inventant toutes les adresses courriel inimaginables, le frère de notre ami américain, puis lui-même. Lui devait se rendre jusqu’en Inde depuis la Syrie après notre rencontre et je voulais être sûre que tout allait bien pour lui. Ce qu’il m‘a confirmé.
N.B. Vous remarquerez que je ne publie ici aucune photo où l'on peut voir les visages des personnes. Je préfère ne pas le faire car je ne peux pas leur demander la permission...
P.S. Merci à Marie-Julie pour son magnifique Taxi-brousse ! C’est la création de ce blogue qui m’a donné l’impulsion pour prendre le temps de parler d’un voyage ici !