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Causes, toujours ! - Page 19

  • Causes : Du tsunami à Haïti

    tsunami5ansplustard.jpgDécembre 2004

    (Photo prise ici)

    Le 26 décembre 2004, je me flatte la bédaine (je suis enceinte de 23 semaines de Léonard) en reprenant tranquillement conscience après une fête de Noël terminée tard la veille. Mon papa téléphone et me dit de m’asseoir. Je me demande bien ce qu’il a de terrible à m’annoncer. C’est le tsunami qui vient de déferler dans l’Océan indien, mais il commence par nommer l‘Indonésie et la Thaïlande. Puis, il lâche le morceau : le Sri Lanka aussi est durement touché. Même sa côte Ouest, ce qui est étonnant, la vague arrivant de l’Est. Je le remercie et appelle immédiatement ma mère.

    C’est la folie chez elle, le téléphone de dérougit pas. C’est que, non seulement on n’arrive pas à avoir des nouvelles de la famille à Colombo, mais en plus, le chum de ma mère lui-même vient de quitter il y a 2 jours Montréal pour le Sri Lanka. En ce 26 au matin (heure de Montréal), avec le décalage horaire et les nombreuses escales indiquées sur sa feuille de route, nous sommes incapables de calculer où il en était au moment de la catastrophe : dans l’avion quelque part ? À Zurich ? Aux Maldives ? Au Sri Lanka ???

    Après 48 heures d’angoisse, il réussit à mettre la main sur un téléphone à l’aéroport des Maldives où il est coincé avec des centaines de voyageurs et peut ainsi nous donner des nouvelles. La vague a envahi la piste 15 minutes après l’atterrissage de son avion. Sa famille à Colombo est saine et sauve. Moins de chance du côté de plusieurs connaissances vivant notamment au Sud de cette Île resplendissante.

    OUF. Que d’émotions !

    À mon retour au boulot quelques jours plus tard, on me donne le mandat de monter un atelier qui sera offert gratuitement aux écoles secondaires du Québec qui se mobilisent pour les pays touchés par le tsunami. Je suis RAVIE : je pourrai canaliser mes énergies de façon constructive et participer au grand mouvement de solidarité qui s’organise. En plus, avec les équipes des Oxfam du monde entier sur le terrain des pays touchés depuis des décennies, je sens que je fais partie d’une gang déjà engagée dans cette région du monde bien avant cette catastrophe – des équipes qui connaissent les langues et cultures locales et travaillent de longue date AVEC les communautés locales; des équipes composées en grande partie d’employés locaux.

    Dans cet atelier (depuis, il a été révisé et s’intitule Urgence : aujourd’hui pour demain), il est bien sûr question de la situation en cours ainsi que des actions menées sur le terrain pour répondre aux besoins immédiats. C’est ça, une urgence humanitaire, et il importe de bien l’expliquer à des jeunes impliqués qui s’engagent pour agir avec solidarité !

    Ensuite, j’ai tenu à y insérer une section où nous abordons la question de la lutte à la pauvreté comme condition essentielle à la PRÉVENTION des conséquences de ces crises. En effet, pour un tremblement de terre de même magnitude, il peut y avoir zéro mort dans un pays contre des dizaines de milliers dans un autre. Pourquoi ? Parce que dans le premier cas, pauvreté implique infrastructures moins solides, urbanisme non durable, population déjà vulnérable. Or, à l’extérieur des moments de crise, ce n’est plus très « in » de mener des actions de solidarité internationale, de lutte à la pauvreté dans les pays du Sud. (J’ai déjà parlé ici du cynisme ambiant...) Et pourtant, après une crise, on devrait redoubler d’ardeur pour construire un monde juste et sans pauvreté. Entre autres pour éviter que la prochaine catastrophe ait des répercussions aussi catastrophiques, justement.

    Mais c’est fou comme la prévention ne « pogne » pas. Je me souviens de projets de reboisement développés par un organisme – dont j’ai oublié le nom – après l’ouragan Jeanne aux Gonaïves, Haïti, en septembre 2004. Les lignes ouvertes des radios étaient saturées de gens scandalisés : leurs dons allaient servir à reboiser – franchement !!! Eh bien JUSTEMENT, ce cher Louis-Gilles Francoeur explique ces derniers jours à quel point la reconstruction d’Haïti devra entre autres passer parle reboisement. Comme quoi les gens trippent de voir des containers plein de linge usagé partir pour le Sud, mais reboiser, pfff, ça ne leur dit rien... À mon humble avis, plus on va expliquer les enjeux de la coopération internationale à la population et plus on pourra construire quelque chose de solide...

    Haïti_19janv2010.jpgJanvier 2010

    Photo prise ici (Résumé quotiden du 19 janvier 2010)

    Le 12 janvier 2010, je me flatte la bédaine (je suis enceinte de 37 semaines de Philémon) quand j’entrevois une nouvelle à la télé. C’est pas possible, Haïti touchée par un tremblement de terre ?! Des tonnes d’émotions et des pensées déferlent dans mon esprit. L’amour des Haïtiens pour leur pays (mon père me racontait avec émotions que les passagers entonnent la chanson Haïti chérie lors de l’atterrissage sur l’île), les catastrophes qui s’enchaînent, et surtout, surtout, cette urgence que je ressentais déjà dans toutes mes trippes depuis des années pour qu’on mette toutes nos énergies à combattre la pauvreté AVANT que les catastrophes ne surviennent.

    C’est dur de « sentir » le monde trembler en soi au quotidien, même dans les moments d’accalmie, parce qu’on sait que la pauvreté est la pire des catastrophes, CHAQUE JOUR QUI PASSE, et qu’on PEUT y remédier... pendant que la plupart des gens autour de soi – surtout les médias - semblent s’en foutre. Puis, lorsqu’il y a une crise majeure, tout à coup, tel ou tel pays devient le centre d’intérêt. Tant mieux si cette prise de conscience permet une reconstruction équitable, voire géniale – ne serait-ce pas formidable qu’Haïti devienne un modèle de société durable ?! Mais je prie pour que les gens n’oublient pas que ce doit être le DÉBUT de quelque chose, cette catastrophe innommable. Le DÉBUT...

    Quant à l’implication de ma petite personne, cette fois-ci, je suis dans les tout derniers milles de ma grossesse, déjà en congé de maternité, et je ne « sers » pas à grand-chose (même pas capable de marcher jusqu’au métro, pffff !!!). Heureusement, les médias sociaux tels Facebook me permettent de relayer de l’information et mobiliser les gens. Et je sens mon équipe – ici au Québec, mais aussi les 200 employés locaux et internationaux des Oxfam déjà présents en Haïti – travailler d’arrache-pied, chaque jour, pour répondre à l’urgence humanitaire et préparer la reconstruction. Cette implication de gens formidables me donne un espoir constant. Je les admire, les appuie, et suis tellement reconnaissante de faire partie de leur gang !!!

    N.B. Pour faire un don à la Coalition humanitaire, c'est ici !