Vie pimentée de militante (Bienvenue aux réfugié.e.s !)
Causes : A l'Est de la Ligne orange, parcours nouveau
Si vous aimez jouer aux devinettes, il y en a une ci-dessous !
Vous connaissez mon amour de la ville en tant que bipède urbaine; pour moi, la vie citadine en est une à échelle humaine, où la vie de quartier se décline en promenades à pied et à vélo, en déplacements en transport en commun, en achats dans de petites échoppes, en pauses dans de petits cafés, en moments de détente dans les parcs… Mieux encore, j'aime affirmer que Jef et moi avons fait un choix sociopolitique : vivre près de son lieu de travail, en ville, et d'y élever notre famille, c'est aujourd'hui une façon concrète de s'engager pour un avenir viable (un des critères de la certification LEEDS – la construction écologique – est la densité urbaine ! Oui, ça passe par ça aussi !).
Nous maintenons ce choix avec bonheur maintenant que nous avons changé de quartier. Pour être exact, nous avons déplacé nos pénates de quelques kilomètres à l'Est en octobre 2008.
En prévision de ce changement d'adresse, j'ai dès mars 2007 laissé mon nom dans des dizaines de garderies de notre nouveau quartier. Car pour moi, le quotidien avec des enfants passe entre autres par le transport actif (marche, vélo…) et la vie de quartier. Mais je n'ai eu qu'un seul retour d'appel pour une place dans une garderie, à 30 minutes de marche en direction de la garderie actuelle. Ce n'était pas assez intéressant en termes de qualité de vie pour faire vivre deux changements à Léonard, un déménagement ET une nouvelle garderie. Nous avons opté pour une année de plus là où il va depuis plus de 2 ans.
Léonard fréquente donc toujours la même garderie, à exactement 4,2 km de notre nouvelle demeure. C'est Googlemaps qui me l'a confirmé.
4,2 kilomètres. C'est tout près, n'est-ce pas ?
Je vous laisse deviner combien de temps cela me prend en transport en commun. J'ai essayé deux trajets. Les deux fois, nous avons marché lui et moi jusqu'au métro (cinq coins de rue), puis nous avons pris le métro, soit sur la ligne orange pour deux petites stations, soit sur la ligne bleue pour quatre petites stations (oui, nous avons la chance de résider tout près d'une station où se croisent deux lignes, en prime !); nous avons les deux fois eu la chance de monter dans un autobus dès notre arrivée - à l'ouest de la ligne orange, bien sûr - pour franchir rapidement quelques coins de rue supplémentaires sur Van Horne.
Allez ! Devinez ! 4,2 km = combien de minutes ?
...
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La réponse :
… 45 minutes.
À l'heure de pointe.
L'heure de pointe étant la période de la journée où il y a le plus de service.
Pour franchir 4,2 kilomètres.
Et il n'y a pas encore de neige.
C'est pas des blagues.
Je me rappelle une discussion avec feu mon papa, qui insistait chaleureusement pour que nous déménagions dans son quartier. Je lui rétorquais toujours que je ne voulais pas vivre à l'est de la ligne orange, arguant que le service d'autobus y était pourri.
Bien sûr, papa avait raison; notre nouveau quartier est un merveilleux endroit pour vivre et élever une famille. J'avais aussi raison. À l'est de la ligne orange, des autobus, y'en a moitié moins qu'à l'ouest. Ainsi, de chez moi au métro Jean-Talon, j'aimerais bien prendre l'autobus pour franchir 5 coins de rue aisément, car un petit garçon de 3 ans et demi se fatigue vite et de toutes façons ne marche pas rapidement; seulement, à l'heure de pointe, l'autobus qui sillonne Jean-Talon de l'est de la ville au métro passe aux demi-heures (je ne me risquerai pas à consulter l'horaire en dehors des heures de pointe !). C'est risible ! D'ailleurs, le problème réside d'abord dans ce système à deux vitesses (excusez-la): pourquoi les lignes d'autobus dans l'axe Est-Ouest s'étirent-elles de l'extrémité ouest de l'île de Montréal à la ligne orange et pas au-delà ? Pourquoi peut-on prendre un autobus dans le West Island (je me souviens que la 51 dessert aussi loin que le campus Loyola de l'Université Concordia) jusqu'au métro Laurier où l'on doit changer de ligne et prendre la 27 si on souhaite poursuivre notre route ? C'est à se demander s'il n'y a pas là une question socioéconomique. Les populations moins aisées de l'est seraient-elles défavorisées jusqu'à ce point ? À la limite, ce devrait être le contraire, non ?
Alors voilà, je me re-présente : une bipède urbaine qui quête un lift à son chum le matin (bon, nous sommes trois dans l'auto… c'est une piètre consolation; la garderie est sur le chemin de la job de Jef, c'est une deuxième petite consolation) pour aller à la garderie en une dizaine de minutes, le temps de franchir ces 4 km et des poussières. Mautadine. De Mautadine. Grrr.
… En attendant de me présenter un jour comme candidate pour le parti Projet Montréal !!!
N.B. L'illustration – magnifique n'est-ce pas ? je m'identifie grandement à la dame qui marche SUR une voiture en tirant un petit enfant par le bras – est de l'artiste Fanchon. Elle orne les couvertures du calendrier et de l'agenda Le Mémento – une géniale initiative citoyenne de mon collègue Samuel Brien. N'hésitez pas à vous en procurer un exemplaire !
N.B. Le titre de ce billet est un clin d’œil au titre du livre À l’Ouest, rien de nouveau.