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Causes, toujours ! - Page 9

  • Causes : Retomber sur ses pattes

    434fb95c113d546226480ff3ad5cc6da.jpgAprès la pluie, le beau temps, dit le dicton.  Eh bien, « il » ne croyait pas si bien dire !  Bien que la vie m’ait épargné bien de terribles épreuves, et j’en suis pleinement consciente, j’ai tout de même vécu quelques épisodes difficiles ces dernières années. Je voulais écrire ces quelques mots pour souligner à quel point je suis reconnaissante au « système » et à mon boulot de prévoir des mesures pour nous permettre de retomber sur nos pattes, et aussi pour me donner une petite tape dans le dos : bravo Marie, tu arrives à passer à travers ! J

    Plutôt que de ressasser des épisodes moins récents, je m’en tiendrai uniquement aux 14 derniers mois, soit d’octobre 2006 à décembre 2007 (au moment où j’écris ces lignes). Les difficultés se résument en peu de mots : des problèmes de santé à répétition (3 mois de répit en tout et partout), le traumatisant décès de mon père le 3 janvier 2007 et le triste décès de ma grand-maman maternelle le 23 novembre 2007.

    Incroyable de penser que, à travers tout cela, j’ai eu un sommet d’énergie et de créativité en juillet 2007 : J'allais reconduire Léonard à la garderie, j’allais travailler, puis nous allions jouer au parc avec Léonard, préparions le souper, le bain, etc., puis j’enfourchais le vélo vers 20h30, allais chez mon papa nettoyer son appartement, je retournais chez moi vers 22h30 et me payais le luxe de monter ce cher blogue (et je précise que je l'ai intitulé Petits et grands bonheurs... !!!), un projet que je caressais depuis si longtemps, jusque vers minuit.  En quelques mois, j’étais passée d’une Marie-qui-ne-donne-pas-cher-de-sa-peau à une Super-Marie ! J

    Le lendemain des funérailles de mon papa donc, le 9 janvier 2007, je suis allée voir mon médecin de famille pour crier à l’aide. J’ai eu un papier béni entre tous, un papier qui signifiait du temps pour faire face à une montagne de responsabilités, du temps pour soigner son corps au sens propre et panser ses plaies au figuré. Un tout petit papier... d’une si grande importance !

    J’avais appris que Jacques avait « quelque chose de pas normal » au foie début octobre; comme j’étais en pleine crise de conciliation travail-famille (avec des gastros et autres infections à répétition pour Léonard, mon chum et moi), et comme je ne pouvais PAS croire qu’il était mourant, je me suis débattue comme le diable dans l’eau bénite cet automne-là. J’étais déjà hyper inquiète de ne pas assez donner au boulot, de ne pas passer du temps de qualité et en quantité auprès de mon fils; je ressentais un énorme besoin d’appui de la part de mes éternels alliés – mon père et ma mère – alors même que celui-ci n’était pas bien du tout, que ma mère partait quelques semaines en Europe, puis que ma grand-mère maternelle se fracturait une hanche et était hospitalisée. Avec le recul, je vois bien que j’ai craqué. J’étais tellement anxieuse que je suis tombée malade (ce qui n’est pas compliqué car, même en grande forme morale, j’attrape régulièrement de méchants virus). Oh, des infections aux voies respiratoires, ce n’est pas grand-chose... Sauf si ça dure 6 mois, que les crises d’asthme se font à répétition et que vous ne voyez pas le bout du tunnel. Plus j’étais malade, moins j’arrivais à faire ce que je voulais tant, justement ; bien m’occuper de mon fils, me donner au boulot et offrir du réconfort à mon père, à ma grand-mère et par ricochet à ma mère... 

    J’ai des « flashes » de cet automne-là qui m’apparaissent bien surréels : les concerts du NoctuArt à St-Constant puis à St-Eustache, où je peinais à chanter; la tenue d’un kiosque fin novembre dans une école de La Prairie pour le boulot avec mon père qui m’avait offert un lift malgré son extrême faiblesse; les matins où j’étais couverte de sueur et en crise d’asthme au seul effort de mettre l’habit de neige de Léonard, de descendre les 2 étages, de pousser la poussette jusqu’à la garderie, d’enlever mes bottes, de monter à l’étage, de déshabiller Léonard, tout ça en chantant des chansons, comptant des comptines, donnant des bisous – pas même une bombe atomique ne m’empêcherait d’agir ainsi avec mon garçon ! - de remettre mes bottes, de prendre l’autobus et le métro pour aller au boulot (pour y arriver brûlée d’avance alors même que mes collègues mettaient les bouchées doubles, triples et quadruples !!!); les 2 concerts de Noël affublés d’une générale et d’un souper d’amis dans les mêmes 3 jours, fin de semaine que je voyais arriver avec frayeur tellement la marmite débordait et dont j’ai dû tout annuler en bloc – de toutes façons je n’avais plus de voix et le médecin m’avait déjà mise au repos à ce moment-là !

    Puis, les jours noirs : le temps des fêtes et, avec lui, l’agonie de mon père.  

    Tout à coup, il n’y avait que ces décharges d’adrénaline qui font qu’on hospitalise son papa, qu’on monte dans l’ambulance, qu’on décide de le veiller la nuit à l’hôpital quand on apprend qu’il a manqué de morphine pendant 12 heures la nuit précédente. Il y a les émotifs rassemblements familiaux autour du lit; la pire nuit de toutes, la dernière, où l’on réconforte, câline, embrasse malgré tout ce que je n’ose pas encore décrire, tout en exigeant du personnel hospitalier un minimum de soins, tout en faisant des crises d’asthme qui nous éloignent de la chambre de précieuses minutes.  Puis la perte, la douleur, l’énorme responsabilité d’être « liquidatrice » (un si horrible mot signifiant pourtant tant de décisions cruciales à prendre), le sentiment de responsabilité aussi auprès d’une grand-maman qui vient de voir mourir son fils...  Et des sursauts de conscience : Léonard est toujours là, plein de vie, il s’ennuie de sa maman, la vie continue !!! 

    Pendant 2 mois et demi, je me suis donc occupée de la succession de mon papa.  J’étais encore malade, donc cela avançait très doucement. J’allais conduire Léonard à la garderie, me rendait chez mon père, ouvrait les dossiers, faisait des téléphones, au rythme que ma santé me permettait. Tout en chérissant les souvenirs, en m’émerveillant de la relation que j’avais avec mon père, en rendant visite à ma grand-mère. Sans papier du médecin, sans assurance-emploi, je crois que j’aurais démissionné de mon boulot (que J’ADORE pourtant !!!), car c’était beaucoup trop.  UNE CHANCE que ces mesures existent !!!

    À la mi-mars, je suis retournée au travail à raison de 3 jours/semaine, puis de 4.  J’ai eu une rechute d’infections et d’asthme, c’était le tourbillon au boulot, mais j’ai remonté la pente.  La Marche 2/3 a été, comme toujours, un grand moment; je me souviens comment, une fois de retour dans les bureaux avec les 300 bénévoles, j’ai tout à coup repensé à mon père, qui était présent à la Marche 2005 et nous avait accueillis Jef, Léonard (âgé de 3 semaines !) et moi, au parc Laurier, tout sourire ! Les larmes se sont mises à couler, c’était tout un contraste avec les vagues de bonheur qui tourbillonnaient autour de moi, et en moi.

    Ensuite, il y a eu cette lumière au bout du tunnel : un poste 4 jours/semaine s’est ouvert, ciblant les compétences pédagogiques avec encore plus de force que mon poste précédent. Je l’ai obtenu. 4 jours !  C’est ce qui, depuis, me permet de conserver mon fragile équilibre.  Cette journée de congé-là, elle se remplit des mois d’avance, compte tenu des rendez-vous médicaux et de la succession.  Mais JE L’AI !!!

    Comme je l’ai décrit plus haut, j’ai retrouvé une grande forme au début de l’été.  Puis, vers la mi-août, bof, les soucis de santé sont réapparus. Tranquillement pas vite.  Jusqu’à cette bronchite asthmatique qui vient de durer deux mois.  Ai-je eu la frousse de vivre un automne et un hiver semblables aux précédents ?  Ma foi, oui.  Mais j’ai guéri. Juste à temps pour aller voir ma grand-maman mourante à deux reprises à l’hôpital, pour chanter à ses funérailles puis, 5 jours plus tard, à organiser l’inhumation des cendres de mon père. Ouf !

    2007 tire à sa fin.  Je n’en suis pas fâchée.  D’un autre côté, parfois, je sursaute : je suis de bonne humeur, émerveillée par mon fils et tous les gens que j’aime, j’ai plein de projets en tête, j’ai envie de célébrer la vie, malgré encore de petits ennuis de santé (non mais sans blague).  J’en reviens pas !  Mon père me disait toujours que j’étais une fille pleine de ressources. Ben c’est vrai que je suis capable de retomber sur mes pattes; ce n’est pas la première fois, ce n’est sûrement pas la dernière, mais j’ai gagné quelques onces de confiance en moi, ça c’est sûr et certain !