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Causes, toujours ! - Page 10

  • Causes : Recherche à réapprivoiser Noël désespérément

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    Dire que j’ai déjà espéré Noël avec émerveillement...  

    J C’est vrai que, alors que j’étais tout juste à l’école primaire, mes amies et moi nous nous émerveillions de ce qui fait de Noël un moment si magique : les rouges et verts chatoyants, la neige, les joyeuses réunions en famille, le temps qui s’arrête, écouter Ciné-cadeau en sirotant un chocolat chaud, jouer en pyjama toute la journée... Je n’écris pas les cadeaux dans cette énumération, car déjà à cet âge j’étais assez modérée.  J’étais ravie des magnifiques cadeaux que l’on m’offrait mais il m’arrivait aussi d’en rendre une partie à ma mère en disant : « Voyons maman, c’est ben trop !  Tu n’as pas assez de sous pour ça.  Garde au moins ceci et cela ! » !!!

    Dès mes 9 ans, je gérais moi-même mon budget et achetais chaque cadeau que j’offrais à mon petit monde.  J’organisais mes achats avec grand plaisir, choisissais de petits items artisanaux au Salon des métiers d’art ou au défunt magasin Toutalamain...

    J’ai d’ailleurs un certain talent pour choisir les cadeaux.  Mes amis me le répètent régulièrement.  J’ai du flair pour dénicher un item aux atomes crochus évidents avec la personne qui le reçoit.  Des exemples ?  Notre grand ami Gilles est un passionné de BD et de musique.  Une année, nous lui avons donc offert... L’histoire de la musique en BD !  Une autre fois, alors qu’il préparait cette année-là un voyage au Maroc et qu’il déployait régulièrement ses talents de cuistot pour concocter de bons petits plat à la mijoteuse, il a reçu de nous un livre de recettes de plats mijotés du monde entier orné sur la page couverture d’un tagine !

    Et puis il y a l’ambiance générale des fêtes : la musique, le sapin... (le nôtre, décoré de rubans récupérés et d’artisanat du monde entier, mérite une note à lui tout seul !) Depuis que nous avons Léonard, nous avons un rituel du dodo des Fêtes : nous éteignons les lumières de la maison, allumons celles du sapin, et on chante quelques tounes de Noël en famille. Le bonheur dans les yeux de Léonard et sa voix charmante qui répète plusieurs fois « mon petit soulier » valent bien toutes les tours de bébelles de la planète !

    Tout ça, c’est sans compter Noël chez les Brodeur.  Moi qui suis grande voyageuse, ne comptez pas sur moi pour être à l’extérieur du pays le 25 décembre.  La fête aux côtés de 12 cousins-cousines et de leurs conjoints, de mes oncles et tantes, des 19 arrière-petits-enfant, c’est sacré.  C’est ma chère grand-maman Irène qui savait nous rassembler tous avec une une générosité exceptionnelle. Je n’oublierai jamais son dévouement et sa bonne humeur et j’espère que nous saurons perpétuer la tradition en chérissant son souvenir.

    Il y a d’autres partys aussi (au minimum cinq autres), tous aussi importants les uns que les autres.  Les Gélinas au Jour de l’An.  Du côté de Jef.  Un repas pris avec ma mère, son chum, ses fils et leurs blondes (mes frérots et belles-soeurottes, comme j’aimes les appeler !).  Mes 2 gangs de filles, celles du secondaire et celles du cégep.  Sans compter le ou les partys de bureau, et avant le NoctuArt, il y avait le party de la chorale...

    L Alors, qu’est-ce qui cloche ?  Qu’est-ce qui me rend impatiente dès le 1er novembre arrivé ? (Vous aurez deviné pourquoi je parle du 1er novembre : les magasins croulent alors déjà sous les gugusses de Nouwel en plastique made in China et nous serinent de la musique d’ascenseur à n’en plus finir !)

    Je crois que j’ai trouvé le mot qui explique mon écoeurantite aiguë : la surenchère.  Trop, c’est comme pas assez.  Trop de quoi ?  Trop de tout.  Même du meilleur.

    Je m’explique : j’adore le sushi, mais si j’avais à en manger 7 jours de suite, je n’y prendrais plus goût. Ainsi même les bonnes choses méritent d’être dégustées avec modération. Sauf peut-être le chocolat hihi !

    Or, moi qui tente de vivre le plus possible selon le tout premier des grands principes de consommation responsable, pour un monde plus juste, équitable et écologique - et j’ai nommé : RÉDUIRE - la surconsommation entourant Noël finit par faire de l’ombre sur une bonne partie de sa magie.  Je vais vous l’avouer franchement, magasiner six cadeaux d’accord, trente-deux-douze, ouf.  Si en plus on se retrouve dans un centre commercial – alleluia, depuis quelques années, je les évite comme la peste et trouve tout ce dont j’ai besoin dans de petites boutiques de mon quartier et de ceux avoisinants – bonjour le mal de cœur, le manteau trop lourd, la furie de la recherche du gugusse à tout prix !

    Bon, mais offrir, j’aime encore ça. J’emballe avec du papier journal syrien (c’est beau l’écriture arabe !) déniché dans une boîte pleine de jouets fabriqués à partir de matériaux récupérés à mon travail; je choisis des produits équitables, des produits locaux; des livres, des disques, des billets de spectacles; des items plus personnalisés (comme un cadre avec un montage de photos de notre mariage où l’on voit les membres de la famille de la personne qui le reçoit); des jouets de qualité.  Jef et moi ne nous donnons plus de cadeaux depuis belle lurette, on préfère s’offrir quelque chose en commun (un appareil photo, par exemple).

    Recevoir, maintenant...  Bien sûr, je suis ravie des livres, disques, équipement de cuisine que je reçois.  Mais à travers tout cela se glissent bien des gugusses que j’ai déjà en quantité ou même que je souhaiterais ne pas avoir !  Oups !  

    Ah là là, et pour ce qui est de Léonard, il croule tellement sous les sac-cadeaux, papiers de soie et cadeaux que parfois j’ai peur qu’il s’étouffe. Franchement, les déballages de cadeaux en présence d’enfants créent chez moi un grand sentiment de malaise.  L’enfant en ouvre un, commence à s’y intéresser, quand vite ! vite !  On le lui enlève des mains pour qu’il en ouvre un autre, un autre, un autre.  Non seulement on va finir par le blaser (heureusement ce ne semble pas encore être le cas !), mais on hypothèque son avenir en détruisant ainsi l’environnement.  Et je suis supposée être contente !  Savez-vous quoi ?  Jef et moi hésitons maintenant à en acheter nous-mêmes pour lui, car finalement, il reçoit ensuite tout en double ou triple.  Pourtant, quand je me retrouve dans un magasin de jouets de grande qualité, je retrouve mon excitation d’enfant à l’idée d’offrir tel ou tel magnifique jouet à Léonard.  On finit donc par lui acheter de belles choses, nous sommes ses parents après tout ?!

    Voilà mon rêve pour mon petit garçon de la Terre  : qu’il reçoive 4 cadeaux à Noël. Un de ses parents, un de chacun de ses couples de grands-parents, un des ses parrains-marraines, final bâton. Des cadeaux en petite quantité mais durables et de très grande qualité. Comme ceci, wow !

    Et pour moi-même, je me surprends parfois à rédiger ma courte liste ainsi : du temps et de l’entraide (ex. des offres de gardiennage), des plats cuisinés maison, de la santé, des dons pour des organismes de solidarité.  Ahhhhhhh !  Le rêve !  Je rêve aussi d’échanges de cadeaux où 1) l’on attend qu’une personne ouvre son cadeau avant d’en ouvrir un autre, 2) l’on pige le nom d’une seule personne pour lui offrir quelque chose fabriqué de nos mains.  Oui, je peux toujours rêver, car je sens que ces propositions ne seraient pas nécessairement les bienvenues...

    ***  

    J Cette année (temps des fêtes 2007-2008), deux rêves deviennent réalité.

    J’ai d’abord obtenu ce dont j’avais le plus besoin : une semaine de repos au chalet, début janvier, après les 9 partys de Noël des semaines précédentes. Pour la première fois depuis mes 15 ans, où j’avais commencé à travailler dans une pâtisserie pendant le temps des fêtes, et mise à part la parenthèse des deux années de cégep où nous avions trois semaines de vacances en janvier, je peux espérer passer une ou deux journées en pyjamas en sirotant un chocolat chaud au coin du feu en écoutant Ciné-Cadeau !  WAOUOUHHHHHH !

    Et puis j’ai déjà reçu le plus beau cadeau qui soit, qui surpasse en bonheur tous les autres que je pourrai recevoir : un test positif !  Je l’espérais tellement !  Un signe que la vie pousse en moi pour clore cette année de maladies et de deuils.

    Oui, un autre Noël est possible !

    N.B. La photo de Léonard a été prise lorsqu’il avait 5 mois.